Les chiffres de la pratique de l’euthanasie en Belgique en 2024…

La Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie a publié en mars 2025 les chiffres relatifs aux euthanasies déclarées en Belgique en 2024.
En 2024, 3 991 documents d’enregistrement d’euthanasie ont été reçus et examinés par la Commission, marquant une augmentation de 16,6 % par rapport à 2023. L’euthanasie représente ainsi 3,6 % des décès enregistrés en Belgique en 2024, contre 3,1 % en 2023 (source : StatBel, 25.01.2024).
Le nombre de documents d’enregistrement rédigés en néerlandais a augmenté de 25 %, tandis que le nombre de documents d’enregistrement en français a légèrement diminué (949 en 2024 contre 1 001 en 2023). La Commission Euthanasie n’est pas en mesure de donner une explication pour cette diminution.
La majorité des patients concernés étaient âgés de plus de 70 ans (72,6 %), dont 43,2 % avaient plus de 80 ans. L’euthanasie chez les patients de moins de 40 ans reste rare (1,3 %).
Un cas d’euthanasie concernant un patient mineur a été déclaré en 2024, portant à six le nombre total de cas depuis l’extension de la loi aux mineurs en 2014.
En termes de lieux, 50,4 % des euthanasies ont été pratiquées à domicile, confirmant la tendance des patients à vouloir rester dans leur environnement familier. La proportion d’euthanasies en maisons de repos reste stable (17,6 %), tandis qu’une légère diminution a été observée en milieu hospitalier (30,2 %, dont 6,3 % en unités de soins palliatifs contre 32 % (et 6,1%) en 2023).
Les pathologies à l’origine des demandes d’euthanasie restent principalement :
- Cancers (54 % des cas)
- Polypathologies (26,8 %) – en augmentation
- Maladies neurologiques graves (8,1 %)
- Affections cardiovasculaires (2,6 %) et respiratoires (2,9 %)
Les euthanasies pour affections psychiatriques et troubles cognitifs restent rares (1,4 % pour chaque catégorie).
Dans 76,6 % des cas, le décès était attendu à brève échéance. Toutefois, l’euthanasie pour des patients dont le décès n’était pas attendu à brève échéance continue d’augmenter (932 cas en 2024, contre 713 en 2023), principalement pour des patients atteints de polypathologies.
Les patients présentaient généralement plusieurs formes de souffrance :
- 82,3 % des patients souffraient à la fois physiquement et psychiquement (contre 76,2 % en 2023).
- 15,8 % souffraient uniquement physiquement.
- 1,9 % souffraient uniquement psychiquement.
Il est important de souligner que la souffrance psychique ne doit pas être confondue avec une affection psychiatrique. Elle peut être liée à une maladie physique, par exemple une perte d’autonomie ou de dignité due à un cancer avancé.
Bien que le thiopental soit de nouveau disponible sur le marché belge depuis avril 2024, l’utilisation du propofol continue d’augmenter. Certains médecins évoquent des difficultés logistiques liées à l’usage du thiopental (conditionnement en boîtes de 10 doses à un prix élevé et non remboursé).
Les médecins généralistes restent les premiers interlocuteurs des patients souhaitant une euthanasie et en sont les principaux praticiens.
Le nombre d’euthanasies pratiquées sur base d’une déclaration anticipée a diminué de moitié par rapport à 2023 (9 cas contre 19 en 2023).
La Commission souligne que les documents d’enregistrement reçus répondaient aux conditions essentielles de la loi :
- Demande volontaire, réfléchie et répétée et sans pression extérieure,
- Affection médicale grave et incurable, le patient se trouvant dans une situation médicale sans issue.
- Souffrance constante, inapaisable et insupportable causée par cette affection.
Aucune dossier n’a été transmis au procureur du Roi.
Depuis début 2025, des démarches ont été entreprises pour finaliser la digitalisation des procédures (déclaration électronique des euthanasies, demande formulée depuis 2014 par la Commission). Cependant, il reste toujours la question du renforcement des ressources humaines et administratives de la Commission.
La Commission appelle une nouvelle fois les autorités publiques, et en particulier les ministres en charge de la Santé publique et de la Justice – responsables à parts égales du financement de la Commission –, à prendre des mesures rapides et concrètes.
L’augmentation constante des documents d’enregistrement nécessite une infrastructure adaptée et des moyens suffisants pour garantir l’efficacité et la rigueur du processus d’évaluation.



